Éditions GOPE
2e édition illustrée, 224 pages, 13x19 cm, 18.85 €, ISBN 978-2-9535538-6-4





jeudi 17 février 2011

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« Trois Autres Thaïlande » commence par un hommage : celui rendu à un personnage dont la vie passée au Pays du Sourire semble aller à l’encontre de toutes les idées préconçues que l’on peut avoir sur ce pays. Il serait donc possible pour un farang de mener une vie saine et sans histoires en Thaïlande, privée de toute dépravation, et d’y être apprécié des locaux comme des expatriés. Un hommage en forme d’avertissement certes, car tout ne sera pas si rose, mais aussi une affirmation que la Thaïlande n’est pas uniquement ce lieu à mi-chemin entre fantasme et réalité que l’on cherche constamment à nous vendre.
Moi-même, je ne connaissais pas, ou si peu, la Thaïlande avant de me plonger dans la lecture de ce passionnant recueil. En tant que touriste, j’avais bien eu l’occasion d’en visiter à la va-vite quelques sites, mais sans jamais sortir des sentiers battus et rebattus par les millions de voyageurs passés avant moi et qui continuent, vaille que vaille, d’affluer année après année. En tant que simple humain confronté à la masse d’informations disponibles dans les médias, je m’étais aussi construit une image d’Epinal de ce pays, une image qui n’avait pas grand chose à voir avec celle brièvement décrite dans ces premières pages.
Car la Thaïlande a beau être connue sous le sobriquet de Pays du Sourire, elle semblait être aussi celui du « dernier soupir » pour bon nombre de visiteurs imprudents. La Thaïlande est ainsi faite qu’elle parvient à faire rimer, à grande échelle, hospitalité et escroquerie, grand luxe et misère, drogue et « wellness », amour et prostitution. Fantasme et réalité. Elle est le théâtre de la rencontre de deux mondes que tout ou presque oppose – celui des farangs et celui des locaux. Elle est un immense marché à ciel ouvert, où toutes sortes de « marchandises » se négocient à toute heure de la journée et de la nuit. Un véritable casse-tête schizophrène pour le premier venu, un piège parfois fatal pour qui relâche momentanément sa garde, mais aussi un paradis sur terre, voire une terre d’élection pour qui sait, à l’image de l’ambassadeur Gérard André, aller au fond des choses et saisir l’âme de ce pays.
C’est ce grand écart d’un extrême à l’autre qui m’a longtemps tenu éloigné de la Thaïlande et qui m’a, comme beaucoup, maintenu dans l’ignorance la plus complète, ou à l’inverse conforté dans l’impression de déjà tout connaître de ce pays. Force est de constater, à la lecture de « Trois Autres Thaïlande », que je m’étais largement fourvoyé. En observateur avisé et journaliste de métier, Etienne Rosse nous fait (re)découvrir les multiples facettes de la Thaïlande, nous plongeant dans sa réalité la plus nue et la plus crue, son quotidien le plus banal mais aussi le plus révélateur. Son style distancié et teinté d’un humour pince-sans-rire sert à merveille ces tranches de vie et l’on a tôt fait de s’attacher à ces personnages qui, chacun à leur manière, font et défont la Thaïlande d’aujourd’hui. Si les initiés y retrouveront immanquablement des évocations ou des souvenirs de « leur » Thaïlande, les novices comme moi seront happés par ces tourbillons de vie dont beaucoup ne mènent nulle part et trahissent bien souvent notre vanité d’humains. Merci à Etienne Rosse et David Magliocco pour ce regard saisissant porté sur la Thaïlande, un pays qui demande finalement à être mieux connu.
Tarsier69