Éditions GOPE
2e édition illustrée, 224 pages, 13x19 cm, 18.85 €, ISBN 978-2-9535538-6-4





lundi 7 novembre 2011

Trois autres Thaïlande, 2e édition !

Les éditions GOPE ont retroussé leurs manches pour vous proposer une nouvelle édition de Trois autres Thaïlande : revue, augmentée, illustrée, avec une nouvelle présentation...
Cette nouvelle édition sera disponible en librairie début décembre mais vous pouvez réserver votre exemplaire dès maintenant !

vendredi 6 mai 2011

La cité des enfants perdus

[…] Quand j’ai rencontré Phi Odt pour la première fois, elle vivait dans une cabane en feuilles de palmier, sans eau courante, ni électricité, ni moustiquaire où elle revendait des stupéfiants à des Farangs. Elle devait avoir dans la trentaine et malgré son visage ravagé par la drogue, vous pouviez voir qu’elle avait été extraordinairement belle. Une de ses copines apprit que j’étais écrivain public et m’emmena chez elle. Odt désirait que je lui traduise des textes en anglais, une grande quantité me prévint-elle, mais elle ne voulut pas me dire quoi au juste avant que nous nous soyons mis d’accord sur un prix.

Elle commença par proposer une rémunération en drogue, puis en services sexuels avant de finalement accepter un paiement en liquide. Elle présenta alors une boîte d'archives en carton qui contenait au moins vingt carnets dont chaque page, recto verso, était remplie d'une écriture fine et soignée. Il s’agissait de poèmes en thaï, il devait y en avoir des milliers, et je compris immédiatement que j’aurais dû demander un prix plus élevé. Cette traduction allait être plus difficile que les habituels « Mon cher Joe, je suis fauchée… »

Tandis qu’elle remplissait d’opium le fourneau d’une pipe, elle me dit que ces poèmes étaient destinés à ses enfants et qu’il fallait absolument qu’ils soient traduits en anglais d’abord puis en néerlandais. Je lui demandai alors pourquoi ses enfants lisaient le néerlandais au lieu du thaï et c’est ainsi que je passai une nuit entière dans sa cahute à l’écouter me raconter sa vie. […]

Retrouvez Odt et bien d’autres personnages tout aussi picaresques dans Trois autres Thaïlande.

Copyright © Steve Rosse 2006
Copyright © Éditions GOPE, mars 2011, pour la version française
Traduit de l’anglais (États-Unis) par David Magliocco

jeudi 17 février 2011

Email d'un lecteur

« Trois Autres Thaïlande » commence par un hommage : celui rendu à un personnage dont la vie passée au Pays du Sourire semble aller à l’encontre de toutes les idées préconçues que l’on peut avoir sur ce pays. Il serait donc possible pour un farang de mener une vie saine et sans histoires en Thaïlande, privée de toute dépravation, et d’y être apprécié des locaux comme des expatriés. Un hommage en forme d’avertissement certes, car tout ne sera pas si rose, mais aussi une affirmation que la Thaïlande n’est pas uniquement ce lieu à mi-chemin entre fantasme et réalité que l’on cherche constamment à nous vendre.
Moi-même, je ne connaissais pas, ou si peu, la Thaïlande avant de me plonger dans la lecture de ce passionnant recueil. En tant que touriste, j’avais bien eu l’occasion d’en visiter à la va-vite quelques sites, mais sans jamais sortir des sentiers battus et rebattus par les millions de voyageurs passés avant moi et qui continuent, vaille que vaille, d’affluer année après année. En tant que simple humain confronté à la masse d’informations disponibles dans les médias, je m’étais aussi construit une image d’Epinal de ce pays, une image qui n’avait pas grand chose à voir avec celle brièvement décrite dans ces premières pages.
Car la Thaïlande a beau être connue sous le sobriquet de Pays du Sourire, elle semblait être aussi celui du « dernier soupir » pour bon nombre de visiteurs imprudents. La Thaïlande est ainsi faite qu’elle parvient à faire rimer, à grande échelle, hospitalité et escroquerie, grand luxe et misère, drogue et « wellness », amour et prostitution. Fantasme et réalité. Elle est le théâtre de la rencontre de deux mondes que tout ou presque oppose – celui des farangs et celui des locaux. Elle est un immense marché à ciel ouvert, où toutes sortes de « marchandises » se négocient à toute heure de la journée et de la nuit. Un véritable casse-tête schizophrène pour le premier venu, un piège parfois fatal pour qui relâche momentanément sa garde, mais aussi un paradis sur terre, voire une terre d’élection pour qui sait, à l’image de l’ambassadeur Gérard André, aller au fond des choses et saisir l’âme de ce pays.
C’est ce grand écart d’un extrême à l’autre qui m’a longtemps tenu éloigné de la Thaïlande et qui m’a, comme beaucoup, maintenu dans l’ignorance la plus complète, ou à l’inverse conforté dans l’impression de déjà tout connaître de ce pays. Force est de constater, à la lecture de « Trois Autres Thaïlande », que je m’étais largement fourvoyé. En observateur avisé et journaliste de métier, Etienne Rosse nous fait (re)découvrir les multiples facettes de la Thaïlande, nous plongeant dans sa réalité la plus nue et la plus crue, son quotidien le plus banal mais aussi le plus révélateur. Son style distancié et teinté d’un humour pince-sans-rire sert à merveille ces tranches de vie et l’on a tôt fait de s’attacher à ces personnages qui, chacun à leur manière, font et défont la Thaïlande d’aujourd’hui. Si les initiés y retrouveront immanquablement des évocations ou des souvenirs de « leur » Thaïlande, les novices comme moi seront happés par ces tourbillons de vie dont beaucoup ne mènent nulle part et trahissent bien souvent notre vanité d’humains. Merci à Etienne Rosse et David Magliocco pour ce regard saisissant porté sur la Thaïlande, un pays qui demande finalement à être mieux connu.
Tarsier69